MONTSÉGUR



Lacroix : Statistiques du département de la Drôme 1835



MONTSÉGUR



MONTSÉGUR. - Cette commune dépendait de l'ancien comté de Grignan ; elle faisait partie, comme telle, des terres adjacentes. Sa population est de 960 individus. Les productions principales de son territoire sont le vin et la soie ; le vin est un des meilleurs du département.
Le village est bâti sur un rocher, d'où vient son nom latin Mons securus, Dans les anciens actes ecclésiastiques, il est appelé locus de Montsecuro. Il a une enceinte de vieilles murailles, et il est dominé par les ruines d'un ancien château-fort.
On voyait autrefois, à l'ouest et à une demi-lieue du village, une église bâtie en l'honneur de Saint Amant, huitième évêque de Saint-Paul. Près de cette église étaient les ruines d'un monastère de l'ordre de Cluny, qui fut changé par la suite en prieuré rural et commandataire, uni d'abord au chapitre de Saint-Paul et ensuite à celui de Grignan.
Le patron de l'église paroissiale de Montségur est Saint Jean Porte-Latine, dont on célèbre la fête le 6 mai. Elle continue d'attirer, comme autrefois, un grand concours de peuple de toutes les communes voisines, et la relation qu'en donnait, en 1787, l'auteur du Dictionnaire historique et topographique de la Provence, est encore vraie de nos jours. « Il y a presque toujours, disait-il, un concours d'environ 6,000 étrangers à Montségur. On implore Saint Jean contre l'épilepsie, dans une vaste chapelle bâtie en son honneur hors des murs. La procession se fait à onze heures. Elle est précédée de jeunes gens sous les armes. Deux cents filles vêtues de blanc viennent ensuite, formant deux choeurs, dont l'un chante l'hymne du saint, et l'autre des cantiques français en son honneur. Entre les deux choeurs, elles portent une colonne garnie de fleurs jusqu'à son sommet, qui se termine en forme de croix ; elle a 4 toises de hauteur. On a supprimé depuis peu l'usage où étaient les garçons de porter une colonne pareille, garnie d'épis verts de blé : celle-ci se nommait l'Aguilhado. Le buste en argent du saint est porté par quatre jeunes gens habillés en lévites, sous un magnifique dais ; les malades l'entourent ou le suivent. Ce buste est précédé de douze enfans en aubes, portant une petite banderole ; ensuite marchent douze céroféraires, qui portent des cierges pesant jusqu'à 40 livres. On voit après eux le roi, le mignon et leur suite sur une ligne, et sur la ligne parallèle, la reine, la mignonne, etc. La symphonie, le clergé et les officiers municipaux terminent la marche. Cette fête date d'un temps immémorial. On lit sur la couverture du registre de la confrérie ce qui suit : Livre de la confrairie de Monsieur S. Jehan, patron de l'église parochale du présent lieu de Montségur, fait par nous.... 1640, ayant vu par des livres fort anciens une grande dévotion de tout tems à ladite confrairie, ayant été guéris plusieurs malades du haut mal par l'intercession de ce bienheureux S. Jehan. »

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